Adopter un chien de refuge est une aventure aussi incroyable que particulière, qui transforme aussi bien l'adoptant que l'adopté. C'est une histoire qui se vit en famille. Puisque tous les membres participent à cette merveilleuse aventure.
Adopter un chien provenant d'un refuge, c'est se faire accepter par un animal qui vient dans notre vie. Quand on est enfin accepté, aimé par le chien que l'on vient d'adopter, on reçoit l'un des plus beaux cadeaux.
Je tenais à cœur de partager cette photo prise le premier jour où nous sommes allés la chercher. Dans cette scène, Léna ne sait pas QUI je suis, et POURQUOI je suis là. Le refuge nous avait recommandé à l'époque (il y a environ 10 ans) de la promener sur le temps de visite afin que l'on se familiarise mutuellement.
Même la balade, pour elle, avait une teneur particulière et changeait de son cadre habituel ; entre autres, avec les bénévoles. Ceux-ci étaient habitués à la sortir, ce qui avait créé une relation de complicité avec certains.
À cet instant, Léna est dans une attitude "fermée, quasi impénétrable. Je ressens une part de méfiance et de résignation en même temps.
Pourtant, durant le trajet en voiture, la chienne n'hésite pas à poser ses pattes sur mes genoux. Une fois à l'intérieur de la maison, elle observait l'environnement avec curiosité. Puis, elle me surprit par un changement d'attitude aussi soudain qu'agréable : son visage qui était fermé il y a encore quelques heures, se transforma quand elle réalisa qu'elle était bel et bien dans un foyer ! Ses yeux se sont ouverts. L'émotion était tellement forte, qu'elle sauta littéralement dans mes bras.
L'adaptation au domicile, une histoire de plusieurs pas…
Du chemin du refuge jusqu'à la maison, c'est une véritable transition pour le chien. Il y a un contrecoup émotionnel. Et souvent, pas de transition pour l'aider, comme soutenir les accompagnants dans cette étape de vie importante.
En effet, Léna a beaucoup dormi lorsqu'elle est arrivée au domicile. Cette chienne de refuge nous observait afin de comprendre nos fonctionnements et nos habitudes. Au bout d'un mois, elle acceptait enfin de jouer avec les jeux proposés. En plus, le jardin a été un lieu de découverte, et d'exploration.
Il faut du temps, pour comprendre les mécanismes d'un chien qui a un passé. La plupart du temps, c'est un passé fait de maltraitances et/ou d'abandon avec quelquefois différents traumatismes. Quand un chien vient d'un refuge, et qu'il commence sa nouvelle vie, c'est pour lui une chance. Les chiens ont d'ailleurs une grande force de résilience et d'adaptation incroyable.
Quelles ont été les difficultés rencontrées ?
Comme je disais plus haut, les chiens font preuve de beaucoup de résilience. Cependant, l'adaptation pour un chien de refuge, peut prendre un certain temps. C'est du cas par cas. Ce que je n'ai pas mentionné, et qui est important de signaler, c'est que Léna a été une chienne qui a été maltraitée, ce qui signifie une difficulté à la toucher dans certaines zones du corps. Jusqu'à prévenir/ avertir, par des grognements, si ce simple geste la dérangeait.
De plus, Léna s'est retrouvée à deux reprises au refuge, avant qu'elle entre dans ma vie. La première fois, c'est son premier propriétaire qui l'a abandonnée. Et la seconde, un adoptant l'a ramenée au refuge au bout d'une quinzaine de jours, car elle l'a pincé au cours d'un jeu. Ensuite, Léna a attendu un an en box, avant d'arriver dans ma vie.
Comment je m'y suis prise pour faire des soins coopératifs, alors qu'elle refusait certains touchers ?
Les soins coopératifs sont la base dans une relation avec son chien. Nécessaires également pour faire des simples gestes comme le brossage, toilettage ou pour pouvoir l'emmener chez le vétérinaire sans risquer d'incidents. J'ai commencé avec la brosse, comme celle-présentée ci-dessous.
Pourquoi ? Cette brosse comporte deux faces. L'une d'elles, permet une approche en douceur. Au commencement, je lui ai présenté la brosse, afin qu'elle découvre l'objet en question.
C'est une étape d'acceptation. Il n'y avait aucune autre action à côté.
Une autre fois, ce fut la brosse posée sur son corps, sans aucune action à côté. Et ainsi de suite, pendant des semaines, jusqu’à une complète familiarisation et association de mon geste. Cela a porté ses fruits, car ensuite, j’ai pu faire un premier brossage léger, et j’arrêtais aussitôt pour tester sa réaction. Ainsi de suite,jusqu'à une confiance totale dans mes mouvements et gestes doux .
La transformation opérée en moi : la prise de conscience
Il y a eu un avant et un après grâce à la rencontre de cette chienne de refuge. Tout au long de cette étape de vie où je l'ai accompagnée, jusqu'au moment où elle a eu son déclic en se sentant enfin adoptée auprès de la famille. C'est survenu lors de ses premières vacances à la mer. Ne l'ayant jamais vue, c'était une première pour elle. Lorsque Léna vit la plage, ses yeux devenaient plus attentifs à son environnement, afin de mieux se laisser aller à lâcher-prise.
Il lui a fallu un an pour qu'il y ait un déclic de sa part. Ce fut un véritable cadeau ! Sur la plage, elle courait d'un pas rapide et dynamique, jouant même en famille, avec des bouts de bâton que l'on récupérait. Dans la voiture, elle s'autorisait d'ailleurs à dormir sur mes genoux sur les trajets retours (Dormir en voiture, était impensable, ni imaginable pour Léna, avant ce voyage).
Qu'est-ce qui a provoqué son déclic ? Est-ce le fait de partir à la mer, qui a été pour elle un indice de confiance par rapport à nous ? Cela m'a également redonné confiance en elle. Et inversement, à partir de ce jour, la chienne s'est autorisé à laisser son passé derrière elle, de ne plus lui donner l'ascendant, afin de pouvoir refaire confiance à l'humain.
Après ces vacances à la mer, il y a eu des poules dans le jardin, qui ont continué de faire partie de sa socialisation. Les débuts de la rencontre, les gallinacés et le canidé se jaugeaient mutuellement. Plus tard, cela ne l'a pas empêché de grogner vis-à-vis de ces drôles d'animaux, mais sans conséquence.
Les autres années qui ont suivi ont été un bonus dans la relation avec Léna, ma chienne de refuge. Ce furent des années bien trop courtes, à mon goût. Puisque la maladie l'a emportée, en moins de quinze jours, et jusqu'au dernier jour, elle a préféré partir dans son domicile qui lui était familier plutôt que chez le vétérinaire.
Son départ a été violent et brutal, car rien ne m'avait préparée à cela. Du moins, pas de cette manière. Je m'étais promis après son décès de ne plus reprendre de chien. Concernant Léna, jusqu'à son dernier souffle de vie, elle a marqué la mienne en laissant une empreinte indélébile. Nous avons eu, un coup de cœur en famille pour cette chienne croisée, noire. Avec les années de recul, c'est elle qui nous a choisis pour qu'on devienne sa famille, son repère après les années de déboire vécues. Ce n'est pas moi qui l'ai adoptée, mais ELLE qui est venue jusqu'à moi. Cette chienne de refuge qui m'a acceptée comme humain et qui m'a adoptée, avec mes qualités et mes défauts.
Ce que je conseille aujourd'hui pour les futurs adoptants
Il n'y a pas de recette magique pour adopter un chien en refuge. Chaque situation est unique, et il est nécessaire de l'envisager afin d'anticiper les possibilités auxquelles vous pouvez être confronté.
Un chien de refuge n'aura pas nécessairement un vécu lourd. Il peut très bien avoir été placé en refuge, car son propriétaire est décédé, et que parmi les héritiers personne ne veuille s'en occuper. Un chien de refuge cohabite avec d'autres chiens dans des box, et à l'instar des humains, cela peut également générer des conflits et de la protection de ressource* (nourriture, espace, jeux..). Ce qui peut entraîner, par la suite, une possible réactivité dans la vie en dehors du refuge. Et une méfiance, vis-à-vis de certains chiens, à la suite de ces mauvaises expériences.
Un temps d'adaptation est nécessaire pour le chien de refuge, autant pour s'habituer à son nouvel environnement, que pour les membres du foyer. Il est impossible de définir combien de temps l'animal aura besoin pour avoir le déclic ? Un mois, un an ? Plus ? Moins ?
Chaque chien va s'adapter différemment, puisque cela dépend de son environnement, des facteurs liés à sa race, sa génétique, ainsi que son histoire. En un mot, son biotope ! Chaque histoire est unique avec un chien. D'autant plus, quand ce dernier vient d'un refuge. La récompense peut être plus grande, au fil du temps. Ce n'est pas qu'une adaptation à sens unique, c'est un rythme qui opère dans les deux sens, autant pour le propriétaire que pour le chien.
J'encourage, d'ailleurs, les propriétaires à faire preuve de patience. Étant passé par cette étape de vie importante, il est nécessaire d'apprendre vraiment à vous connaître mutuellement. Le chien de refuge a un passé, une histoire qui lui est propre, qui peut rester encore traumatisante dans son esprit et son corps.
Si les difficultés sont trop nombreuses, et que vous-même n'avez pas le recul nécessaire pour prendre de bonnes décisions pour votre chien ; qu'est-ce qui est bon pour lui ? De quoi a-t-il besoin ? Le but est de rencontrer un comportementaliste canin afin que cela puisse vous apporter des bénéfices dans votre relation avec votre chien.
Merci à cette expérience fabuleuse !
Je remercie surtout Léna, d'avoir été ce chien de refuge magnifique par sa personnalité. Et surtout, que nos chemins se soient croisés à ce moment-là!
Julie Caillaux
L'Essentiel Educ
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* Protection de ressource :
La protection de ressource est innée chez toutes les espèces aussi bien animal qu'humaine.
Un chien peut faire de la protection sur de la nourriture, son propriétaire, ou un jeu etc.
C'est ce qui représente de la forte valeur à ses yeux. Pour le chien, ce qui avait une forte valeur hier, peut ne plus l'être le lendemain, surtout si on lui donne une valeur plus forte et plus intéressante pour lui!
Un peu comme nous, les humains, avec les soldes et les comportements où chacun ne veut pas voir son opportunité volée par quelqu'un d'autre.
Je vous mets le lien d'un article précédent où une propriétaire d'un chien sourd, AUDREY, explique également son parcours avec son chien de refuge, et le ressenti qu'elle a eu :
Ainsi que les raisons qui expliquent pourquoi faire un bilan comportemental;
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